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Antidépresseurs : un risque accru d’accident de la route en début de traitement
Sciences et Avenir
Par Cécile Dumas
Une nouvelle étude précise les risques liés à la prise d’antidépresseurs lorsqu’on prend le volant. Deux périodes sont sensibles: le démarrage du traitement et ses modifications. Explications.
Le fait de prendre des antidépresseurs augmente-t-il le risque d’avoir un accident de la route? Oui… et non, selon les conclusions d’une vaste étude menée en France sur la prise de médicament et le risque d’accident de la route. La prise d’antidépresseurs est globalement liée à une augmentation du risque d’être responsable d’un accident, selon les résultats de cette étude publiée dans le Journal of Clinical Psychiatry. Cependant une analyse plus poussée révèle que c’est au début du traitement et lorsque la prescription est modifiée que les risques d’accidents augmentent.
«Cette conclusion permet de faire passer aux médecins et aux patients un message simple et facile à mettre en pratique, explique Emmanuel Lagarde, épidémiologiste à l’ISPED (Université Bordeaux Segalen- Inserm), qui coordonne cette étude (Cesir-A). Il faut vraiment faire attention sur des périodes courtes, de deux semaines environ, au début du traitement, par exemple en évitant de prendre le volant ou en réduisant sa vitesse.»
Anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs… ces médicaments qui diminuent l’attention et les réflexes
Même si les nouveaux antidépresseurs (comme les IRSS pour ‘inhibiteurs de recapture de la sérotonine’) provoquent moins de somnolence que les antidépresseurs de première génération (les tricycliques), ils diminuent l’attention. «Ce résultat n’est pas surprenant» commente le chercheur, car le début d’un traitement est une phase d’acclimatation de l’organisme à un nouveau médicament où ces effets secondaires ont le plus de chances de se faire sentir. En cas de modification de la prescription il y a de nouveau une période d’adaptation. Ce changement peut aussi être lié à une aggravation de la dépression.
De nombreux médicaments diminuent l’attention et les réflexes des conducteurs sur la route : anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs…. Les trois pictogrammes mis en place par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ex-Afssaps) –jaune, orange ou rouge- donnent un niveau de risque basé sur des résultats d’essais cliniques ou des travaux en laboratoire. Cependant, comme le précise Emmanuel Lagarde, «une étude épidémiologique spécifique était nécessaire pour évaluer la pertinence de ces pictogrammes». D’où le lancement en 2003 de l’étude Cesir-A, qui s’appuie sur les données recueillies par la police sur les accidents de la route entraînant des dommages corporels, et les données de l’Assurance maladie.
Comment différencier les effets de la maladie et ceux des traitements ?
«L’une des grandes difficultés de ce type d’étude est de pouvoir différencier les effets de la maladie elle-même de ceux des traitements dans le risque d’accident, ce qui n’est pas évident» explique Emmanuel Lagarde. Des études utilisant des simulateurs de conduite suggèrent en effet que la dépression est associée à une baisse de l’attention et à de moins bons réflexes. Et qu’à l’inverse les antidépresseurs améliorent ces performances.
Pour y voir plus clair, les chercheurs de Bordeaux ont eu recours à «une méthode statistique qui permet de se débarrasser des effets de la pathologie». Pour cela, il faut pouvoir comparer pour un même conducteur le risque de provoquer un accident de la route avec ou sans médicament. Ce qui implique de disposer d’un grand nombre de cas : leurs calculs portent déjà sur plus de 70.000 conducteurs impliqués dans un accident entre 2005 et 2008 – et la base continue à s’élargir. L’étude porte sur tous les médicaments considérés comme dangereux pour la conduite. Prochaine étape : «évaluer ce risque pour les piétons, pour lesquels nous ne savons rien» ajoute Emmanuel Lagarde.
La prise de médicaments est impliquée dans 3 à 4% des accidents corporels sur la route. Voici un comparatif pour plusieurs famille de médicaments :
Classe de médicaments | Augmentation du risque d’accidents de la route (risque multiplié par ..) | Fraction attribuable à l’ensemble des accidents |
Anxiolytiques et dérivés des benzodiazépines | x 1,45 | 1,28% |
hypnotiques et sédatifs | x 1,25 | 0,35% |
Antidépresseurs | x 1,4 | 1% |
Substituts des stupéfiants | x 1,9 | 0,32% |
Source: étude CESIR-A. Remarque: la fraction attribuable peut être faible parce que la population concernée est petite ou parce que les recommandations des médecins pour éviter le volant sont fortes (ex: les hypnotiques).
Cécile Dumas Sciences et Avenir 30/08/12
Antidepressants: risk of accident is highest when starting treatment
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A new study identifies the risks associated with taking antidepressants and driving. Two times are especially risky: when treatment is started and when dosage is modified.
Does taking antidepressants increase the risk of having an accident? Yes, and no, according to the findings of a large study conducted in France on the relationship between drug consumption and motor vehicle accidents. Taking antidepressants is generally associated with an increased risk of being responsible for an accident, according to the results of this study published in the Journal of Clinical Psychiatry. Further analysis reveals that the risk of accidents is highest at the beginning of treatment and when the prescription is changed.
“This is important information for physicians and patients, with simple and easy practical implications, says Emmanuel Lagarde, an epidemiologist at the ISPED (Université Bordeaux Segalen-Inserm), which coordinated the study (CESIR-A). “People should avoid driving or be extra cautious for about two weeks at the beginning of treatment.”
Anxiolytics, hypnotics, and antidepressants … these are the drugs that impair attention and reflexes.
Although the newer antidepressants (SSRIs, or selective serotonin reuptake inhibitors) cause less drowsiness than first-generation antidepressants (TCAs), they still reduce attentiveness. “This result is not surprising,” says the researcher, since at the beginning of treatment the body is getting used to the new drug, and this is when these side effects are more likely to be most pronounced. When dosage is changed, there is a similar period of adaptation, which may also be associated with worsening of depression.
Many drugs reduce attention and reflexes of drivers on the road: anxiolytics, hypnotics, antidepressants…. The three symbols established by the yellow (ex-AFSSAPS) National Security Agency of Medicines, orange or red give a risk level based on clinical trial results or laboratory studies. However, Emmanuel Lagarde has observed, “a specific epidemiological study was needed to assess the relevance of these icons.” Hence the launch in 2003 of the study CESIR-A, based on data collected about road accidents involving personal injury by the police, and data from health insurers.
Be careful Be very careful Do not drive
Don’t drive without Don’t drive without consulting Get a doctor’s opinion regarding
reading this warning a health care professional when it is safe to start driving again
How are the effects of the disease differentiated from those of the treatment?
“One of the major difficulties of this type of study is to differentiate the effects of the disease from the impact of the treatments on the risk of accident, which is not easy,” says Emmanuel Lagarde. Studies using driving simulators do suggest that depression is associated with lower attention and poorer reflexes. And antidepressants improve performance.
The Bordeaux researchers used “a statistical method to isolate the effects of the disease.” To do this, it was necessary to compare the chance that the same driver might cause a traffic accident with or without medication. This involves examining a large number of cases: calculations are based on more than 70,000 drivers involved in accidents between 2005 and 2008 – and the population continues to expand. The study covers all drugs considered dangerous for driving. The next step is to “assess the risk for pedestrians, about which we know nothing,” added Emmanuel Lagarde.
Medication is implicated in 3-4% of driving accidents involving injury. Here is a comparison for several categories of drugs:
Drug Class | Increased in risk of accidents (multiplier) | Percent of all accidents attributed to drug |
Anxiolytic benzodiazepines and derivatives | x 1,45 x 1.45 | 1.28% |
hypnotics and sedatives | x 1,25 x 1.25 | 0.35% |
Antidepressants | x 1,4 x 1.4 | 1% |
Narcotic substitutes | x 1,9 x 1.9 | 0.32% |
Source: CESIR-A Study. Note: the percent of all accidents attributed to drugs may be low because the affected population is small or because of prescribing doctors’ warnings to avoid driving are strong (eg hypnotics).