Deroxat, Prozac, Effexor, Zoloft : votre antidépresseur peut-il vous rendre alcoolique? Can your antidepressant turn you into an alcoholic? — (Le Lanceur)

SSRI Ed note: Les professeurs en France reconnaissent l'exposition de David Healy d'effets secondaires graves des ISRS.

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Le Lanceur

25 mars 2016

Par Ariane Denoyel

Des dizaines de témoignages l’affirment, et d’éminents médecins le confirment : certains antidépresseurs peuvent vous faire tomber dans l’alcool. Ce risque concerne une classe de médicaments précise : les “inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine” ou ISRS. Ces molécules, dont la plus célèbre a été lancée en 1986 sous le nom de Prozac, étaient présentées comme des médicaments miracles. Aujourd’hui, ils sont accusés d’être peu efficaces et de créer de sévères dépendances. De plus, leurs effets indésirables peuvent s’avérer redoutables. On connaissait, entre autres, le risque de suicide augmenté, les pulsions agressives, voire meurtrières, les comportements compulsifs (jeu, shopping, etc.), l’accroissement de 87 % du risque d’autisme pour l’enfant exposé in utero. Quelques jours après la publication d’Effets secondaires, le scandale français (1), faut-il ajouter l’alcoolisme à la longue liste des effets secondaires des ISRS ?

Christophe* a 27 ans, en 2004, quand son médecin lui prescrit pour la première fois de l’Effexor®, à la suite de ce qu’il évoque sobrement, au début de l’entretien, comme “des décès dans la famille”. Le médecin ne lui délivre aucune consigne particulière. “Auparavant, je n’avais jamais abusé d’alcool. Je buvais quelques bières le week-end, dans des soirées… Mais je suis quelqu’un de responsable, si je savais que j’allais “descendre” deux ou trois verres, je ne prenais jamais le volant.” Christophe commence le traitement et ressent rapidement d’irrésistibles pulsions à consommer de l’alcool. Il boit de plus en plus, conduit dans la foulée et constate qu’il ne ressent pas les effets euphorisants de l’ivresse : “Sous ISRS, j’aurais pu boire une bouteille de vodka le matin et aller travailler comme si de rien n’était. Aucune gueule de bois. Mais ce n’était pas tout : à partir d’une certaine quantité, c’est comme si quelqu’un d’autre prenait ma place. Je me conduisais mal, je vociférais, je flirtais avec des filles – ce que je n’aurais jamais fait en temps normal, même ivre. Mes copains me racontaient mes “exploits” le lendemain, car je n’en avais gardé aucun souvenir. J’étais comme anesthésié, alors je n’en avais plus rien à f… Et ça a fini par bien bousiller ma vie.” Pendant quatre ans, Christophe n’établit aucun lien entre son traitement et son changement de comportement. Ses amis lui enjoignent de se faire soigner : à leurs yeux, il est “simplement” en train de tomber dans l’alcoolisme. Un soir, à un mariage, il boit et assure qu’il veut se suicider. La police arrive et l’embarque, un agent lui demande s’il prend de la cocaïne, de l’héroïne ou une autre drogue.

“Ce n’était plus toi”

Le lendemain, une fois de plus, Christophe ne se souvient de rien. Son meilleur ami lui relate les événements de la veille et lui lance : “Ce n’était plus toi. Tu me fixais, mais c’est comme si j’avais été transparent. Tu m’as fait peur.”

Quand Christophe réalise que ses problèmes ont commencé avec l’Effexor, nombre de ses amis lui ont déjà tourné le dos. Son épouse l’a quitté. Voici trois ans, après huit ans de traitement, il décide d’arrêter. “Les trois années les plus atroces de ma vie. Moi qui n’ai jamais été anxieux, j’avais des crises d’angoisse plusieurs fois par jour. Je perdais parfois toute sensibilité sur une moitié de mon visage, j’étais persuadé d’avoir une attaque.” Aujourd’hui, même s’il se promène toujours, par sécurité, avec un anxiolytique (calmant) dans la poche, Christophe s’estime tiré d’affaire. “Une seule crise d’angoisse par semaine, en moyenne. Mais je dois avoir une hygiène de vie irréprochable. Je suis dans la dernière phase de sevrage, avec une hypersensibilité aux excitants : une demi-tasse de café, un carré de chocolat, la moitié d’un sucre suffisent à provoquer une crise d’angoisse.” Idem pour les piqûres d’abeille, forcément fréquentes dans son métier. “Mon médecin n’aurait jamais dû me prescrire un antidépresseur, j’avais juste un passage à vide”, conclut-il. Il envisage de poursuivre le laboratoire.

Carol, 49 ans, vit dans le sud de l’Angleterre. Elle a également souffert d’un “coup de déprime” après la mort de son père. Au bout d’un an, elle se résigne à consulter. Son médecin lui prescrit de la paroxétine (Deroxat). Elle se sent moins épuisée, recommence à voir ses amis et à sortir. Très rapidement, sa consommation d’alcool passe de quelques verres de vin occasionnels à des quantités dangereuses. “Les bars et les restaurants de mon quartier m’ont vite repérée, certains m’ont interdit leur accès, raconte-t-elle. J’embarrassais mes amis. Je suis devenue incontrôlable, j’ai mis les autres et moi-même en danger un nombre incalculable de fois, et je ne me souvenais de rien le lendemain. Plus rien ne me semblait réel. J’avais tellement besoin de boire, c’est comme si j’étais possédée. Je ne m’arrêtais que si la police m’emmenait au poste, ou si je perdais conscience.”

Carole est licenciée, doit déménager. Après chaque cure de désintoxication, elle se remet à boire. “Pendant dix ans, c’est comme si le vrai moi avait été ligoté, bâillonné et enfermé dans le coffre, et qu’un autre moi, agressif et mauvais, avait pris le volant.” Elle passe plusieurs fois devant la justice entre 2006 et 2010. À partir de 2007, elle soupçonne que ses antidépresseurs sont à la source de ses problèmes, commence à lire des publications médicales, réalise que d’autres vivent le même calvaire. Elle tente, sans succès, de faire valoir cet argument en justice. Elle parvient enfin à se sevrer. Aujourd’hui, elle fait des ménages à mi-temps pour survivre.

“C’est comme traverser l’enfer, chaque jour devient une lutte”, résume Angélique, la petite cinquantaine. Elle est en pleine phase de sevrage d’antidépresseurs et d’alcool, communique difficilement, se coupe du monde certains jours. Elle raconte : “En 1996, j’ai perdu un bébé juste après la naissance, il est né avec une hypoplasie du ventricule gauche, une malformation souvent fatale causée par les antidépresseurs ISRS. Je n’ai pas fait le lien et, huit ans après, on m’a prescrit de la venlafaxine [Effexor], un autre ISRS. Je me suis mise à boire de façon compulsive, je dépensais de l’argent inconsidérément, j’étais agressive, je harcelais des gens, les menaçais de mort. J’ai perdu pied, et l’entreprise que j’avais créée a fait faillite.”

Après un divorce et la perte de sa maison, dont elle ne pouvait plus payer l’emprunt, Angélique vit dans un hébergement d’urgence.

Plus de 200 témoignages de patients

De telles histoires, on en trouve par dizaines sur le site de pharmacovigilance associatif du professeur David Healy : Rxisk.org. D’autres été transmises anonymement par la plateforme de pharmacovigilance privée en ligne Meamedica (2).

Le professeur Healy, un psychiatre irlandais enseignant à la faculté de médecine de Cardiff, au Pays de Galles, assure “disposer de plus de 200 témoignages de patients mettant en évidence ces pulsions à boire de l’alcool chez certains patients, dont des femmes enceintes”. “Chez une minorité de ces patients, détaille-t-il, la combinaison ISRS-alcool lève les inhibitions et peut les conduire à se comporter de façon agressive ou violente.”

Le professeur David Healy, psychiatre cofondateur du site de pharmacovigilance Rxisk.org © DR

“On peut dire que les IRS ont beaucoup d’effets secondaires… dont la mort !” lance le docteur Bruno Toussaint, directeur éditorial de la revue Prescrire (3). En juin 2015, Prescrire a écrit, dans un article intitulé “Antidépresseurs IRS et venlafaxine : intoxications à l’alcool avec violences” : “Selon quelques centaines d’observations, certains antidépresseurs semblent exposer à une augmentation de la consommation d’alcool, à des signes d’intoxication à l’alcool exagérés, avec des manifestations d’agressivité. Il s’agit notamment des ISRS et de la venlafaxine.”

Pour Bruno Toussaint, “il existe manifestement un lien entre les IRS et la consommation d’alcool. Mais, comme tous les comportements – y compris les pulsions meurtrières, suicidaires –, ces effets sont difficiles à répertorier et à quantifier. On pourrait dire que ce n’est ni bien décrit ni bien “rangé” dans les bases de données pharmacologiques. Et puis, l’interaction d’une personne et d’une substance est déjà un phénomène complexe, alors imaginez si l’on ajoute l’alcool à l’équation…”

Un médicament très puissant… ou égal à un placebo?

Le professeur Bruno Millet rappelle que toute substance active est susceptible d’entraîner des effets secondaires. Ce professeur de psychiatrie exerçant à la Salpêtrière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) est aussi le coauteur de Prescrire les psychotropes, publié en 2015 chez Masson-Elsevier, et le président du conseil scientifique de la fondation Pierre-Deniker – financée notamment par l’industrie pharmaceutique. C’est vers lui que renvoie le LEEM (lobby de l’industrie pharmaceutique en France), lobby vers lequel les génériqueurs Teva et Biogaran nous avaient eux-mêmes orientés, après avoir précisé que rien n’était remonté en pharmacovigilance (Eli Lilly, qui a lancé le Prozac®, Wyeth-Pfizer pour l’Effexor et GSK pour le Deroxat n’ont pas répondu à nos demandes) (4).

Pour le professeur Millet, les ISRS sont des molécules “très puissantes – plus le patient est déprimé, plus elles ont d’effet, et elles sont mieux tolérées que les traitements précédents”. Pourquoi, alors, les essais cliniques ne montrent-ils (au mieux) qu’une efficacité légèrement supérieure à celle d’un placebo ? “Parce que, dans les études, on élimine notamment les patients trop à risque de suicide, déclare le spécialiste. On teste donc la molécule sur des personnes légèrement déprimées, pour qui elle sera peu efficace. Pour moi, il est clair que les ISRS font mieux que le placebo.”

Interrogé sur une possible induction de l’alcoolisme par les ISRS, Bruno Millet déclare : “C’est la première fois que j’en entends parler. Cependant, cela ne serait pas complètement surprenant, parce que la fluoxétine et les molécules de sa famille inhibent deux enzymes hépatiques cytochromes, communes à l’alcool et aux ISRS. On sait que les ISRS peuvent favoriser l’impulsivité, donc augmenter le risque de consommation de produits illicites. Mais de là à créer une dépendance, voilà un pas que je ne franchis pas. On pourrait, au contraire, penser que les ISRS, en améliorant l’état d’un patient dépressif, l’aident à sortir d’une dépendance à l’alcool.”

Pour le professeur Millet, les ISRS sont préférables à l’ancien traitement de référence (les tricycliques ou imipraminiques, comme l’Anafranil, le Laroxyl, etc.) “en première intention”, c’est-à-dire comme premier traitement, dans les dépressions. La raison ? “Ils présentent un rapport efficacité/tolérance qui me semble supérieur aux tricycliques, qui peuvent avoir des conséquences désobligeantes pour le patient : sécheresse de la bouche, hypotension orthostatique[chute momentanée de la tension, généralement accompagnée de vertiges et/ou d’un bref  “voile noir”, au passage de la position couchée ou assise à la position debout, NdlR], tremblements

Pour autant, Bruno Millet précise qu’il rejoint “l’analyse de Bruno Toussaint sur un point : les ISRS sont trop prescrits”.

Tout comme le professeur Millet, les autres défenseurs des ISRS ne manquent pas de rappeler l’histoire du professeur Healy. L’Irlandais est en effet devenu une bête noire de l’industrie pharmaceutique, en dénonçant dans de nombreux articles (publiés dans des revues spécialisées), dès les années 1990, le risque de suicide accru des patients sous ISRS. La reconnaissance de ce risque a conduit les autorités américaines, en 2004, à imposer un avertissement explicite, encadré de noir, sur les emballages d’ISRS. Entretemps, en 2001, le professeur Healy a été écarté d’un poste de direction au département de psychiatrie de l’université de Toronto, suite à l’opposition de l’industrie, qui soutient financièrement ce département.

En 2013, il a établi un parallèle entre la banalisation des psychotropes et la multiplication des épisodes de “tueurs fous”. La même année, il a publié une liste de 98 médicaments “pouvant vous transformer en meurtrier, ou vous pousser à vous suicider”. Bref, l’auteur de Pharmageddon et de 18 autres ouvrages sur la médecine “a suscité beaucoup de controverses, il est vent debout contre les ISRS, et argumente à charge”, estime le professeur Millet.

La sérotonine, une “théorie de marketing”

Non content de dénoncer depuis plus de vingt ans les effets secondaires des ISRS, le professeur Healy juge que ces molécules sont commercialisées sans aucun fondement scientifique valable. Joint au téléphone et par appel vidéo, il assène : “L’idée que la dépression découle d’un déficit de sérotonine dans le cerveau ne tient pas debout. Dès les années 1960, les neurobiologistes l’ont invalidée. Cette théorie est une création marketing.”

Chez Prescrire, on utilise des termes plus policés, mais le constat de fond n’est pas fondamentalement différent. Signe révélateur, Bruno Toussaint parle des médicaments “présentés comme antidépresseurs” et des “inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de sérotonine”.

“La dépression reste un phénomène inexpliqué, juge le médecin. Les ISRS reposent sur l’idée que cette maladie est due à un déficit, dans le cerveau, d’un neurotransmetteur, parmi les dizaines qui existent : la sérotonine. Nous gardons une grande prudence vis-à-vis de cette théorie ; bien sûr, le lien entre dépression et neurotransmetteurs semble évident, et on dispose d’arguments théoriques très convaincants, mais, en pratique, rien n’est aussi clair. Définir la dépression constitue déjà un défi. Une grande majorité des essais menés sur les ISRS datent d’une époque où la dépression était mesurée par un test, mais la dépression, ce n’est pas une graduation sur une échelle ! Les essais cliniques ont conclu que la plupart des ISRS étaient légèrement plus efficaces qu’un placebo. Mais ils sont loin d’aider tous les patients, et même chez ceux qui ressentent un effet, ce dernier reste très modeste.”

“La solution de facilité pour des consultations courtes”

Si les ISRS sont utiles, c’est uniquement sur les dépressions profondes et caractérisées. “Or, du côté des médecins, il est difficile de différencier une déprime passagère d’une vraie dépression, juge Bruno Toussaint. La dépression elle-même entraîne aussi des risques de suicide, le médecin craint de ne pas réagir assez vite. Et puis, les ISRS sont peu onéreux, bien remboursés, ils sont la solution de facilité pour le médecin qui veut que ses consultations durent un temps raisonnable. Pourtant, il doit aider le patient à répondre à cette question : mon problème de santé et l’efficacité de ce médicament valent-ils que je prenne le risque des effets indésirables ? En complément d’une psychothérapie, les ISRS peuvent aider certains patients, mais ils sont difficiles à arrêter. Si le médecin se trouve face à une femme enceinte ou susceptible de le devenir, le risque est réel. Pour les autres patients, il faut leur dire les choses calmement, mais clairement : ces médicaments peuvent provoquer des réactions inattendues, paradoxales, contraires à l’effet recherché, si c’est le cas, arrêtez la prise et venez m’en parler.”

Kirsten Myhr, experte norvégienne en pharmacovigilance, membre de la Commission d’évaluation du risque de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne du médicament) et du réseau Health Action International Europe © DR

Un avis que partage Kirsten Myhr, spécialiste norvégienne de pharmacovigilance de renommée internationale, membre de la Commission d’évaluation du risque de pharmacovigilance (connue par son acronyme en anglais, PRAC) de l’EMA (Agence européenne du médicament), et membre du réseau Health Action International Europe : “Chaque jour, j’en suis plus convaincue : les thérapies doivent être individualisées. La façon dont les enzymes du foie dégradent les médicaments varie considérablement d’une personne à l’autre.” La scientifique déplore la surprescription massive de psychotropes en général, et d’ISRS en particulier, et se déclare en faveur d’une généralisation, en Europe, d’un avertissement pour l’agressivité, les risques suicidaires, et d’une mise en garde spécifique à l’intention des femmes enceintes ou susceptibles de l’être. “Et puis, il faudrait éduquer le public à envisager des thérapies cognitives et d’autres modes de traitement en cas de dépression, conclut-elle. Parfois, je me dis qu’on devrait pouvoir donner un placebo, mais ce n’est pas éthique…”

“Pour savoir si un médicament convient ou non à un patient, il faut travailler avec lui, lui demander comment il se sent, et il faut le croire ! s’exclame le professeur Healy. Partir du principe que le patient dit la vérité, jusqu’à preuve du contraire. Et ça, dans la médecine actuelle, ce serait un vrai changement de culture.”

* Par souci de respect de la confidentialité des personnes, les prénoms ont été modifiés.

 

English translation:

Dozens of users assert, and prominent doctors confirm: some antidepressants can turn you into an alcoholic. This risk pertains to a specific class of drugs: “selective serotonin reuptake inhibitors”, or SSRIs. These drugs, the most famous of which was launched in 1986 under the name Prozac, were presented as miracle drugs. Today, they face accusations that they are ineffective and create strong dependency.  Furthermore, their adverse effects can be serious.  Among other risks, we now know they increase the risk of suicide, aggressive impulses, and even deadly, compulsive behaviors (gambling, shopping, etc.).  They increased by 87% the risk that children exposed to them in utero will have autism. A few days after the publication of the book Side Effects, a French Scandal, must we add alcoholism to the long list of side effects of SSRIs?

Christophe* was 27 years old in 2004 when his doctor prescribed Effexor® to him for the first time following what he described at the beginning of the interview, as “deaths in the family”. The physician did not give him any special instructions. “Up to that time, I had never abused alcohol. I drank a few beers on the weekends, at parties … But I am a responsible, if I knew I was going to “down” two or three glasses, I never took the wheel.” After commencing treatment, Christophe started feeling an irresistible impulse to consume alcohol. He drank more and more and observed that it did not produce the euphoric effects of drunkenness: “Under SSRIs, I could drink a bottle of vodka in the morning and go to work as if I never did.  No hangover, nothing.

But that was not all: from a certain amount, it is as someone else had taken over my body. I drove carelessly, I shouted, I flirted with girls – things that I would never normally do, even drunk. My friends told me about my “exploits” the next day because I had no recollection. It was like I was anethsetized, until I had nothing more to mess up.  In the end it screwed up my life. “For four years, Christophe did not see the connection between his treatment and his behavior change. His friends urged him to seek help: they “simply” saw him descending into alcoholism. One evening at a wedding, drinks and decided that he wanted to commit suicide. The police arrived and one officer launched into a line of questioning about whether he took cocaine, heroin or other drugs.

“It wasn’t you”

The next day, once again, Christophe remembered nothing. His best friend recounted the events of the previous day and told him: “It wasn’t you. You stared at me, but it was as if I had been transparent. You frightened me.”

By the time Christophe realized that his problems had begun when he started Effexor, he had already lost many of his friends.  His wife had left him. Three years ago, after eight years of treatment, he decided to stop. “These were the three most excruciating years of my life. I have never been anxious, but I had anxiety attacks several times a day. Sometimes I lost all feeling on one half of my face, and I was convinced I would have an attack. “Today, when he goes out walking, he keeps an anxiolytic (calming pill) in his pocket just in case.  “One panic attack per week, on average. Now, I have to maintain an irreproachable lifestyle. I’m nearing the end of the withdrawal phase, and I am hypersensitive to stimuli: a half cup of coffee, a piece of chocolate, half a sugar cube is sufficient to cause an anxiety attack. “Ditto for bee stings” a common occurrence in his profession. “My doctor never should never have prescribed me antidepressants, I just had a bad patch,” he concludes. He plans to continue his clinical observations.

Carol, 49, lives in the south of England. She also suffered a “bout of depression” after the death of her father. After a year, she consulted her doctor.  He doctor prescribed paroxetine (Paxil). She began to feel less exhausted, to see friends and go out. Very quickly, her drinking esclated from a few glasses of wine to occasionally dangerous amounts. “The bars and restaurants in my neighborhood quickly grew to know me, and some have forbidden me access, she says. I embarrassed my friends. I became uncontrollable, I put myself and others at risk countless times, and I did not remember anything the next day. Nothing seemed real. I really needed to drink, it’s as if I was possessed.  If the police took me to the station, or if I lost consciousness, I kept it to myself.

Carol lost her job and had to move. After each rehab, she started to drink again. “For ten years, it was as if the real me had been tied up, gagged and locked in the trunk, and another me, aggressive and bad, took over.” She spent a lot of time in court between 2006 and 2010. In 2007, she began to suspect that her antidepressants were the source of her problems. She began reading medical publications, and realized that others had experienced the same ordeal. She tried unsuccessfully to make that argument in court. She finally managed to wean herself off. Today, she does housework part-time to survive.

The struggle is like going through hell every day is a struggle,” sums up Angelique, a small woman in her fifties.  She is in the throes of withdrawal from antidepressants and alcohol, hard to describe, it’s a World Cup challenge some days. She says: “In 1996, I lost a baby right after birth, he was born with hypoplastic left ventricle, an often fatal malformation caused by SSRI antidepressants. I did not spot the connection and, eight years later, I was prescribed venlafaxine [Effexor], another SSRI. I began to drink compulsively, I spent money recklessly, I was aggressive, I pestered people, threatened them with death. I lost my footing, and the company I had created went bankrupt. ”  After a divorce and the loss of her home, because she could not pay the mortgage, Angelica lives in an emergency shelter.

Over 200 patient testimonials

There are dozens of such stories on Professor David Healy’s pharmacovigilance web site: Rxisk.org.** Others were sent anonymously through online private pharmacovigilance Meamedica platform.

Professor Healy, an Irish teaching psychiatrist at the medical school in Cardiff, Wales, cites “over 200 patient testimonials highlighting these urges to drink alcohol in some patients, including pregnant women”. “In a minority of these patients, he explains, the SSRI-alcohol combination lifts inhibitions and can lead them to behave aggressively or violently.”

“We can say that SSRIs have many side effects including … death!” asserts Dr. Bruno Toussaint, editorial director of Prescrire. In June 2015, Prescribing published an article titled “SSRI antidepressants and venlafaxine: poisoning with alcohol abuse”: “According to several hundred observations, some antidepressants appear to trigger an increase in alcohol consumption, and to exaggerate symptoms of alcohol poisoning, with manifestations of aggression. These include SSRIs and venlafaxine. ”

A strong drug… or equal to a placebo?
Professor Bruno Millet said that every active substance is likely to cause side effects. This professor of psychiatry practicing in the Salpêtrière (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) is also the co-author of Prescribing Psychotropics, published in 2015 in Masson-Elsevier, and the president of the scientific council of the Peter Deniker foundation – notably funded by the ‘pharmaceutical industry. It is through him that the LEEM (lobby of the pharmaceutical industry in France), Teva and Biogaran, direct support for their official position that there is no need for additional pharmacovigilance.  Eli Lilly, which launched Prozac, Pfizer-Wyeth for Effexor and Paxil for GSK did not respond to our requests for comment.

For Professor Millet, SSRIs are “very powerful“ – the more depressed the patient is, the more effective they are, and they are better tolerated than previous treatments.” Why, then, in clinical trials do they show (at best) an efficiency slightly higher than that of a placebo? “Because in the studies, patients at high risk of suicide are excluded, says the specialist. So we test the drug   on slightly depressed people, for whom it will be ineffective. For me it is clear that SSRIs are better than placebo. ”

Asked about the possibility that alcoholism is tirggered by SSRIs, Bruno Millet said: “This is the first time I heard of it. However, this would not be completely surprising, because that drug family including fluoxetine inhibits cytochromes, which are two liver enzymes common to alcohol and SSRIs. SSRIs that we know can encourage impulsivity, thus increasing the risk of consumption of illicit products. But causing addiction is a phenomenon I have not confirmed. On the contrary, I think that SSRIs, by improving the mindset of a depressed patient, could help him out of alcohol dependence. ”
For Professor Millet, SSRIs are better than the old standard treatment (the tricyclics imipramine, Anafranil, amitriptyline, etc.) “first line”, that is to say as a first treatment, in depressions. The reason ? “They present a risk / benefit ratio that seems higher than the tricyclics, which can have negative consequences for the patient: dry mouth, orthostatic hypotension [momentary drop in voltage, usually accompanied by dizziness and / or a short “black veil”, the transition from lying or sitting to standing, Editor’s note], trembling … ”

However, Bruno Millet said that he agreed on one fundamental point: SSRIs are prescribed too often.”
Like Professor Millet, other believers in SSRIs heed the story of Professor Healy. The Irishman has indeed become a problem for the pharmaceutical industry, publishing many articles, in the 1990s, warning of the increased suicide risk of patients taking SSRIs [and proving that this risk was independent of the “underlying depression”]. The recognition of this risk led the US authorities in 2004 to impose an explicit warning, framed in black, on SSRI packaging. Meanwhile, in 2001, Professor Healy was dismissed from an executive position at the Department of Psychiatry University of Toronto, following opposition from industry, which financially supports this department.

In 2013, he drew a parallel between normalizing the widespread use of psychotropic drugs and the proliferation of episodes of “mad killers.” The same year he published a list of 98 drugs “that can turn you into a murderer, or push you to commit suicide.” In short, the author of Pharmageddon and 18 other books on medicine “has generated controversy, there is headwind against SSRIs, with his arguments leading the charge”, said Professor Millet.

Serotonin, a “marketing concept”

Not content to denounce over twenty years of SSRI side effects, Professor Healy believes that these drugs are marketed without any valid scientific basis. Reached by phone and video call, he asserts: “The idea that depression results from a deficiency of serotonin in the brain does not hold. By the 1960s, neurobiologists had invalidated this notion. This theory is a marketing creation. ”

At “Prescribing” more sophisticated terminology is used, but the bottom line is not fundamentally different. Bruno Toussaint talks about drugs “presented as antidepressants” and “called selective reuptake inhibitors of serotonin.”

“Depression remains a poorly understood phenomenon, according to the doctor. SSRIs are based on the idea that it is a disease  caused by a deficiency in one neurotransmitter in the brain, out of the dozens that exist: serotonin. We have serious reservatiojns vis-à-vis that theory; of course, the link between depression and neurotransmitters seems obvious, and the theoretical arguments are compelling, but in practice, there is no evidence for it. Defining depression is already a challenge. A large majority of trials on SSRIs date from a time when depression was measured by a test, but depression cannot be measured on a continuum! Clinical trials have found that most SSRIs were slightly more effective than placebo. But they are far from helpful to all patients, and even for those who feel an effect, it is still very modest. ”

“The easy way to keep consultations short”

If SSRIs are useful, it is only for serious clinical depression. “But the doctors who dispense it find it difficult to tell the difference between temporary sadness and clinical depression, pronounces Bruno Toussaint.  Bceause depression itself also carries risks of suicide, the doctor is afraid of not reacting quickly enough. And then, SSRIs are inexpensive, usually paid for by insurance.  They are the easiest solution for the doctor who wants his consultations last a reasonable time. Yet doctors should always help the patient to answer this question: is my health problem and the effectiveness of this medication worth my taking the risk of side effects? In addition to psychotherapy, SSRIs may help some patients, but they are difficult to stop taking. If the physician is faced with a pregnant person or someome likely to become so, the risk is real.

To other patients, they need to calmly, but clearly, explain that these drugs can cause unexpected reactions, some paradoxical [e.g. worsening depression and suicidality] , the opposite of the desired effect.  Doctors need to say if this is the happens, stop taking the drug and come talk to me. ”

Kirsten Myhr, a Norwegian expert in pharmacovigilance, Member of the Commission for risk assessment of pharmacovigilance (PRAC) of the European Medicines Agency) and Health Action International Europe network (known by its acronym in English, PRAC) of the EMA (European Medicines Agency) and Member of network Health Action International Europe: “Every day I am more convinced: therapy must be tailored to each individual. How liver enzymes break down drugs varies considerably from person to person. “Scientific evidence argues against the massive over-prescription of psychotropic drugs in general, and SSRIs in particular, and in general supports a warning, in Europe, about aggression, suicidal risk, and a specific warning for women wo are, or are likey to become, pregnant.

“We need to educate the public to consider cognitive therapies and other treatment methods for depression, she said. Sometimes I think we should be able to give a placebo, but this is unethical … ”
“To find out if a drug is appropriate or not a patient, you have to work with him, ask him how he feels, and he must trust that you are listening ! exclaims Professor Healy. Assume that the patient is telling the truth, until proven otherwise. In modern medicine, that would be a real change of culture. ”
*To protect the privacy of individuals, their names have been changed.

**Professor David Healy, psychiatrist cofounder of pharmacovigilance site Rxisk.org © DR